Enter the Void : très bon film qui parle de la situation dans laquelle se trouve la conscience entre deux incarnations
Encore subjuguée par la vie incarnée qu'elle vient de quitter abruptement, la conscience est ballottée par ses anciens attachements, souvenirs à la recherche d'un moyen de se réincarner et sans véritablement pouvoir se réveiller de ses obsessions liées à sa vie passée. Vraiment intéressant ce film. (beaucoup de cul donc à réserver aux adultes)
Gaspar Noé s'est inspiré du Bardo Thödol, ou Livre tibétain des morts. Dans un entretien donné à Julien Hairault pour le site Versusmag, il raconte :
"Je me suis aussi beaucoup inspiré d’un Livre des morts Tibétain – celui dont on parle dans le film, que j’ai découvert à l’âge de 18 ans, à une époque où je lisais beaucoup de choses au sujet de la mort et de la réincarnation. Je me suis vraiment énormément renseigné sur ce livre, apprenant au passage qu’il avait aussi beaucoup inspiré Philip K. Dick, et j’ai décidé d’adopter sa structure au moment de la mort d’Oscar. Ce livre parle du voyage de l’esprit qui s’effectue entre la mort et la réincarnation, un voyage censé durer 49 jours. Je n’ai pas été fidèle à 100% au bouquin, mais j’ai quand même tenu à bien mettre en scène ce voyage astral totalement dis-fonctionnel et lumineux, d’où l’importance, surtout dans la scène de fin, de ces jeux de lumière lors des scènes de baise à l’hôtel, où la lumière émane des corps."
Dans le film, Alex à prêté un exemplaire du Bardo Thödol à Oscar pour qu'il le lise. Une scène les montre tous les deux en train de discuter du livre.
Source : wikipedia
Le livre tibétain de la vie et de la mort par Sogyal Rinpoché
Lire le chapitre 18 : le bardo du devenir / le corps mental page 515 en collection j'ai lu
Alexandra David-Néel dans le bouddhisme du Bouddha (page 230)
[...] et la conscience-connaissance, l'ensemble de cette activité, composée de moments séparés, prend le nom d'esprit.
Or, ce qui entre dans l'état intermédiaire (bardo) c'est, d'après les Lamaïstes, une des parties qui formaient l'esprit: la conscience-connaissance contenant en elle, la somme des impressions qui se sont emmagasinées dans le « conscient» et dans le «subconscient» de l'individu pendant sa vie passée.
D'après les Tibétains et certains de leurs voisins de l'Inde et du Népal. la «conscience» de l'homme vulgaire, mort au cours d'un évanouissement, sans se rendre compte de ce qui lui arrivait, se trouve fort désemparée dans sa nouvelle condition. Elle ignore le changement qui s'est opéré dans son état: elle se trouble et s'épouvante tandis qu'elle s'efforce sans y
parvenir, de réoccuper, dans ce monde, la place qui était la sienne du vivant du corps auquel elle était attachée. Dans cet état d'agitation, le pouvoir de se diriger, de résister à la pression du karman qui l'entraîne, lui fait défaut. D'autres vont lui venir en aide.
Déjà, pendant l'agonie, le lama ou le laïque compétent qui assistait le mourant, lui a bien recommandé de laisser échapper sa «conscience» par le sommet de son crâne, car toute autre issue conduit à une mauvaise renaissance. Mais encore, ici, le moribond, dénué d'entraînement spécial, est incapable de s'aider lui même et le rite du «transfert» intervient. En langue tibétaine, ce rite est dénommé phowa (prononcer powa de pho, faire changer de place, transférer). La partie essentielle du phowa consiste dans l'éjaculation sur un ton suraigu, très particulier, de la syllabe hik, suivie de la syllabe phat. Ces deux syllabes sont tenues pour être des mantrams, c'est-à-dire des mots dont les vibrations - si leur son propre a été correctement émis - ont le pouvoir de produire certains effets sur l'esprit et sur la matière.
En principe, le hik, répété plusieurs fois, fait graduellement monter la «conscience» jusqu'au sommet du crâne et le phat l'en fait jaillir. Il arrive que des mystiques tibétains pratiquent ce rite pour eux-mêmes afin de se suicider, comme certains yoguis hindous s'étouffent, volontairement, en pratiquant la rétention du souffle au cours d'une transe. Toutefois, d'après les bonnes gens du Tibet, le rôle du phowa ne se limite pas à l'extraction de la «conscience» hors du corps du mourant, ou du mort en qui elle s'attarde, il transfère, aussi, celle-ci dans un lieu bienheureux, généralement au Paradis occidental de la Grande Béatitude (Noub Déwatchén, en sanscrit: Sukhavati) dont rêvent, aussi, les foules bouddhistes de la Chine et du Japon.
En réalité, l'usage du phowa pour diriger la «conscience» des morts, doit s'inscrire en marge de la science magique du «transfert» ou de la «résurrection». Celle-ci consiste à séparer la partie mentale de la personnalité - la sienne ou celle d'autrui - et à transférer celle-ci, temporairement ou définitivement, dans un corps humain ou animal, soit que ce corps ait été abandonné, au moment de la mort, par l'esprit qui y était uni, soit que le magicien l'en ait délogé de vive force. Dans ce dernier cas, le magicien peut transférer l'esprit sans domicile dans un corps mort depuis peu, s'il s'en trouve à sa portée, ou bien arracher de nouveau un autre esprit de son logis, pour abriter le premier [...]