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dimanche 11 mars 2012

L’attachement à l’idée d’un soi (attavādūpādāna)


Ca c'est vraiment le sujet qui gêne tout le monde que celui de l'entité. Le problème du sujet et de l'objet. Personnellement j'y repensais ce matin, la méditation Vipassana lorsque je la pratiquais m'apportait une très grande intimité avec moi même (presque affectueuse). Je trouve que ce n'est pas assez dit. Car qui dit méditation dit observateur ou attention. Dans ce texte ICI l'auteur s'attaque au problème épineux du cycle des renaissances. Car qui dit renaissance, dit quelqu'un ou quelque chose...

Cette croyance en un soi personnel est très importante et aussi très subtile. Toutes les créatures vivantes ne peuvent qu’avoir une fausse notion du « moi » et du « mien » ; c’est l’instinct originel de tout de qui vit et la base de tous les autres instincts. Ainsi, l’instinct qui consiste à rechercher de la nourriture et la manger, l’instinct d’éviter le danger, de procréer, et beaucoup d’autres, proviennent du fait que toute créature a une conscience instinctive d’exister et croit être une entité séparée, un « soi ». Convaincue de cela, elle désire naturellement éviter la mort, rechercher la nourriture pour en nourrir son corps, s’abriter du danger, et multiplier son espèce. Nous voyons qu’une telle croyance est universellement répandue chez tous les êtres vivants ; s’il en allait autrement, ils ne pourraient pas survivre. Pourtant, cette même croyance est également la cause de la souffrance qui est inhérente à la recherche de la nourriture et de la protection d’un abri, à la propagation de l’espèce et à toute activité quelle qu’elle soit. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Bouddha a enseigné que l’attachement à l’idée d’un soi est la racine de toute souffrance. Il résuma cela en quelques mots : « Les choses, si nous nous y attachons, sont souffrance ou source de souffrance ». Cet attachement est la source et la base de la vie, et il est en même temps la source et la base de la souffrance sous toutes ses formes. C’est précisément à cela que le Bouddha faisait allusion quand il a dit que la vie est souffrance et que la souffrance est la vie. Cela signifie que le corps et l’esprit (les cinq « agrégats ») auxquels nous nous attachons sont souffrance. Connaître la source et la base de la vie et de la souffrance est considéré comme la connaissance la plus profonde et la plus pénétrante puisqu’elle nous permet d’éliminer radicalement la souffrance.

La façon la plus efficace de se débarrasser de l’attachement est de le reconnaître à chaque fois qu’il se présente. Ceci est surtout valable pour l’attachement à l’idée d’un soi qui est la base même de la vie. C’est quelque chose qui apparaît spontanément et s’installe en nous sans qu’on ait à nous l’inculquer. Il est présent d’instinct chez l’enfant comme chez les petits des animaux, dès la naissance. Regardez comme les chatons prennent une attitude défensive dès qu’on les approche ! Il y a toujours présent à l’esprit ce « quelque chose », ce « moi », et un attachement se manifeste inévitablement. La seule chose à faire est de lui tenir les rênes jusqu’à ce que vous ayez bien avancé dans la connaissance spirituelle ; en d’autres termes, utilisez les principes du bouddhisme jusqu’à ce que cet instinct soit dominé puis complètement éradiqué. Sans cela, une personne ordinaire de ce monde ne peut pas dépasser cet instinct. Seuls les plus élevés des ariyans, les Arahants, réussissent à l’éliminer. Nous devons reconnaître cet obstacle comme étant de première importance pour toutes les créatures vivantes. Si nous voulons bénéficier pleinement de l’enseignement du Bouddha, il nous revient de dépasser cette conception erronée. La souffrance à laquelle nous sommes soumis diminuera en fonction de nos efforts dans ce sens.

Connaître la vérité sur ces choses qui font notre vie quotidienne doit être considéré comme un immense cadeau, un des plus grands dons. Réfléchissez bien à ces quatre attachements, sans jamais oublier que rien, absolument rien ne vaut la peine que l’on s’y attache ; que, de par la nature des choses, rien ne vaut la peine d’être obtenu ou vécu. Si nous sommes complètement asservis par les choses, c’est tout simplement du fait de ces quatre formes d’attachement. Il est important que nous étudiions de près la nature extrêmement dangereuse des choses et que nous nous familiarisions avec elle. Le problème est que cette nature malfaisante ne saute pas immédiatement aux yeux comme celle d’un incendie, d’une arme ou d’un poison ; au contraire, les choses de la vie semblent douces, pleines de saveur, attirantes, belles ou mélodieuses, c’est pourquoi il est difficile de les reconnaître et d’agir correctement. Nous devons, pour cela, utiliser la connaissance que nous a transmise le Bouddha : contrôler notre attachement instinctif et le remplacer par le pouvoir de la vision pénétrante. Nous serons ainsi en mesure d’organiser notre vie de façon à nous libérer de la souffrance, de toute trace de souffrance. Nous pourrons travailler et vivre paisiblement dans le monde, échapper aux pollutions mentales, être éclairés et sereins.

En résumé, ces quatre formes d’attachement sont le seul problème que les bouddhistes ou ceux qui s’intéressent au bouddhisme doivent comprendre. Le but de la vie monastique bouddhiste (brahmacariya) est de permettre à l’esprit d’abandonner sa convoitise instinctive. Vous retrouverez cet enseignement dans tous les textes qui traitent des étapes menant à l’état d’Arahant ; l’expression utilisée est « libre de tout attachement » : c’est l’ultime étape. Quand l’esprit est libre des attachements, plus rien ne peut le retenir et l’asservir au monde. Rien ne peut continuer à le faire tourner encore et encore dans le cycle des naissances et des morts, de sorte que le processus s’arrête ou plutôt, transcende le monde, s’en libère. L’abandon de l’attachement instinctif est donc la clé de la pratique du bouddhisme.

Source : http://www.dhammadelaforet.org

samedi 10 mars 2012

Manuel pour l’Humanité

La Première Noble Vérité, qui fait apparaître que tout est souffrance ou cause de souffrance, nous dit précisément ce qu’il en est de toutes choses. Mais comme nous ne parvenons pas à comprendre tout ce qui est source de souffrance, nous désirons ces choses-là. Si nous les voyions comme sources de souffrance, à coup sûr, nous n’en voudrions pas.

La Seconde Noble Vérité montre que le désir est la cause de la souffrance. Les gens ne savent toujours pas, ne voient pas, ne comprennent pas que les désirs sont causes de souffrance. Ils désirent tous ceci ou cela, simplement parce qu’ils ne comprennent pas la nature du désir.

Le Troisième Noble Vérité montre que la délivrance – c’est-à-dire la libération de la souffrance ou Nirvana – consiste en l’extinction totale du désir. Les gens ne comprennent pas que le Nirvana est un état qui peut être atteint à tout moment et en tout lieu, à l’instant précis où le désir disparaît totalement. Ainsi, n’ayant aucune connaissance de la réalité des choses, ils ne s’intéressent pas au Nirvana parce qu’ils ne savent pas ce que c’est.

La Quatrième Noble Vérité est appelée « la Voie » ou « l’Octuple Sentier ». C’est la méthode qui permet d’éliminer tout désir. Personne ne la comprend ainsi, personne ne s’intéresse à l’Octuple Sentier qui abolit le désir. Les gens ne voient pas qu’il s’agit là du soutien dont ils ont précisément besoin, d’un point d’appui qu’ils devraient s’empresser de consolider. Ils ne s’intéressent pas au Noble Sentier du Bouddha qui est pourtant un joyau parfait et précieux parmi la masse des connaissances humaines. C’est une ignorance épouvantable.

Un très très bon texte qui remet les pendules à l'heure concernant le Bouddhisme du Bouddha ICI.

En effet le Bouddhisme authentique est un rationnalisme en réaction avec la spiritualité de son temps. C'est sa beauté. Même si il est limté. Il ne faut pas dénaturer le message initial. Sinon on perd la puissance et l'efficacité de l'enseignement. Bouddha a bien expliqué qu'il ne prétendait pas répondre a toutes les questions. Il prétendait savoir comment libérer les hommes de la souffrance mentale. Point.

En ceci il est bien dans l'esprit du temps. Car au même moment en Grèce des démarches similaires vont avoir lieu.

C'est un philosophe au sens antique du mot. Opératif. Pragmatique.

Le Bouddhisme rencontre un réel succès en Europe particulièrement en Allemagne et en France. Ce n'est pas un hasard. C'est a tel point que Paris est dépositaire d'une relique du Bouddha. Selon moi c'est la rationnalité de l'enseignement qui séduit.

On peut remarquer au passage que les Anglais (puis les Américains et les Pays bas) ont connu la même attirance naturelle pour l'Hindouisme. Il existe un fort courant philosophique idéaliste en Angleterre.

C'est intéressant.

lundi 20 février 2012

La notion d'alaya dans le boudhisme

Sensée expliquer la réincarnation. L'équivalent du Soi sans le Soi ;). Très intéressant.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cittamātra

Mais l'ennui si on pousse le raisonnement au bout on ne comprend pas qui s'illusionne. Car s'il existe une illusion d'un moi ou si la matière est une illusion, la question reste : illusion pour qui ?
Ou pour quoi à la rigueur...

L'expérience de André Comte-Sponvile

mercredi 9 novembre 2011

Une théorie sans théâtre ? (conférence Audio)


Suite des conférences de David Dubois "Polémiques sur le statut du sujet dans l'Inde du Xe siècle" au Centre d’Études Critiques de Paris.

http://www.pratyabhijna.com/lectures.html

En bas de la page : Deuxième année (2011-2012) - Une théorie sans théâtre ? --> les séances 5 et 6

J'ai écouté la première et j'ai pris mon pied. Mais il faut se réserver une bonne heure et demi de disponibilité pour bien profiter.

mercredi 14 septembre 2011

Alaya (bouddhisme tibétain) Chögyam Trungpa


Repose dans la nature de l'alaya, l'essence

Ce slogan nous dit que la méditation assise, pratiquée avec compréhension du bodhichitta ultime, permet de court-circuiter réellement les septs types de conscience pour reposer enfin dans la huitième, l'alaya. Les six premières consciences sont reliées aux perceptions sensorielles :
1- conscience visuelle ;
2- conscience auditive ;
3- conscience olfactive ;
4- conscience gustative ;
5- conscience tactile ;
6- conscience mentale ou principe coordinateur fondamental qui organise les cinq autres consciences.

7- Le septième type de conscience est l'esprit-problème ; c'est une espèce de conglomérat qui injecte de l'énergie dans tout ça. En Tibétain, elle se dit nyön-yi, nyön étant une abréviation de nyönmong [Sanskrit klesha], qui veut dire littéralement "embêtement", "souillure", "névrose", et yi signifiant "esprit"

Reposer son esprit dans l'alaya fondamental équivaut à s'affranchir de ces sept aspects de l'esprit et à reposer dans la simplicité, dans un aspect de l'esprit qui est clair et ne fait pas de discrimination. On commence à sentir que les formes, les odeurs, les sons et tout le reste sont une production du quartier général, qu'ils ont été mis au point par l'état-major. On les reconnaît, puis on retourne au quartier général, où ces productions ont commencé à se manifester. On repose simplement dans l'inutilité de ces productions.

Il existe donc une espèce de lieu de repos ; on pourrait dire que c'est une forme primitive de shamatha. Il y a un point de départ ou de retour. Vous pouvez, par exemple, me regarder et pendant que vous me regardez vous pouvez aussi vous observer vous-même. Mais si vous poussez votre observation au-delà de vous-même, vous découvrirez qu'un certain type de radar est déjà en place. Il s'agit donc de reposer dans l'alaya au sein du radar, de reposer au lieu même d'où émanent les ordres et l'information.

Cette logique, ou ce processus, suppose que l'on a déjà une certaine confiance en soi au départ. On est déjà parvenu à se détendre avec soi-même dans une certaine mesure. C'est cela, le message du bodhichitta ultime : on n'a pas besoin de toujours s'évader de soi-même en essayant de trouver quelque chose à l'extérieur. On peut tout simplement rentrer chez soi et se détendre. On peut revenir à la douceur du foyer.

On essaie donc de bien se traiter, mais sans s'en tenir à une logique préconçue ou à une quelconque idée fixe conceptuelle, y compris les pensées discursives. Reposer dans la nature de l'alaya signifie aller au-delà des six consciences sensorielles et même au-delà de la septième conscience, le processus discursif profond qui engendre les six autres consciences. Le principe primordial de l'alaya les contourne toutes. Même dans une situation ordinaire, si l'on arrive à tout retracer jusqu'aux origines, on découvrira un certain palier de repos primitif. Et il est possible de reposer dans cette existence primordiale et fondamentale, ce niveau existentiel.

À partir du principe de l'alaya fondamental, nous passons ensuite à l'alaya vijñana ou conscience de l'alaya, où les distinctions sont déjà présentes. Il se crée dès lors une séparation entre ceci ou cela, entre un individu et un autre, entre un objet et un autre. C'est la notion de conscience ; on pourrait même parler de "conscience de soi", au sens de savoir qui est de notre bord et qui est du bord opposé, pour ainsi dire.

Le principe de l'alaya primordial n'a aucun parti pris, c'est pourquoi on l'appelle "vertu naturelle". Il est neutre. Il n'est ni masculin ni féminin ; par conséquent il n'est ni d'un bord ni de l'autre, et il n'implique aucune séduction. Par contre, la conscience de l'alaya a déjà un parti pris. Elle est soit masculine, soit féminine, parce qu'elle suppose le concept de séduction.

L'éveil primordial, ou sugatagarbha, se trouve au-delà de l'alaya, tout en allant dans le même sens que l'alaya. Il est antérieur à l'état d'alaya, mais il l'englobe. L'alaya possède la bonté fondamentale, c'est vrai, mais sugatagarbha est plus grande. Il est éveil en soi. Dans cet optique même l'alaya primordiale peut être vu comme forme de conscience. Bien qu'il ne soit pas officiellement au rang des consciences, il est déjà une espèce de vigilance ; il est peut-être même une forme d'esprit samsarique. Par contre, le sugatagarbha est antérieur à cela. il est indestructible ; c'est l'ancêtre de l'alaya, son progéniteur.

Le processus de la perception, notamment celui du premier instant de perception d'un objet des sens, est une conjonction de plusieurs éléments.
- Il y a les mécanismes concrets qui appréhendent des objets, qui sont des organes physiques tels que les yeux, les oreilles, etc.
- Ensuite, il y a les facultés mentales qui se servent de ces instruments pour réfléchir sur certains objets.
- Et si l'on va plus loin, il y a une intentionnalité, une fascination ou curiosité qui cherche à savoir comment établir une relation avec l'objet en question.
- En reculant encore plus, le plus loin possible, on verra qu'il existe une expérience fondamentale qui sous tend cela ; c'est ce qu'on appelle le principe de l'alaya.

Selon ce texte sur le lojong, cette expérience porte le nom de bonté fondamentale. Le présent slogan renvoie donc à une expérience, et non seulement au processus mécanique et structurel de la projection. Ce processus est analogue à un projecteur de cinéma. Il y a l'écran, le monde phénoménal. Puis on se projette soi-même sur le monde phénoménal. Finalement il y a le film, qui est l'inconstance de l'esprit qui change de cadrage tout le temps. Cela donne un objet en mouvement projeté sur l'écran. L'objet en mouvement est produit mécaniquement par les divers mécanismes du projecteur, avec ses nombreux engrenages qui guident la pellicule et ses dispositifs qui assurent la continuité de la projection. C'est tout à fait analogue aux organes des sens. On regarde et on écoute ; donc, quand on écoute, on regarde. On relie les choses entre elles au moyen du temps, même si celles-ci changent sans cesse d'un instant à l'autre. Derrière tout cela se trouve l'ampoule, dont la lumière projette les images sur l'écran.

Cette ampoule est la cause de tout. Par conséquent, reposer dans la nature de l'alaya revient à reposer dans la nature de cette ampoule, qui se trouve au coeur du mécanisme du projecteur de cinéma. Comme l'ampoule, l'alaya est brillant et lumineux. L'ampoule demeure imperturbable face aux fluctuations de l'appareil. Elle ne s'inquiète pas de savoir si l'écran est en bon état ou si la projection de l'image s'effectue correctement.
[...]

Source : "L'entraînement de l'esprit et l'apprentissage de la bienveillance" de Chögyam Trungpa.

mardi 13 septembre 2011

Conférence : Confusianisme, Taoïsme, Bouddhisme

Conférence de Charles de Mestral à l'Université Populaire Hochelaga-Maisonneuve en 2009.

Confusianisme :


Confucianisme Partie 1 par maleger


Confucianisme Partie 2 par maleger

Taoisme :


Le Taoïsme par maleger

Bouddhisme :


Le Bouddhisme par maleger

samedi 11 juin 2011

Le Bardo Thödol

Enter the Void : très bon film qui parle de la situation dans laquelle se trouve la conscience entre deux incarnations

Encore subjuguée par la vie incarnée qu'elle vient de quitter abruptement, la conscience est ballottée par ses anciens attachements, souvenirs à la recherche d'un moyen de se réincarner et sans véritablement pouvoir se réveiller de ses obsessions liées à sa vie passée. Vraiment intéressant ce film. (beaucoup de cul donc à réserver aux adultes)

Gaspar Noé s'est inspiré du Bardo Thödol, ou Livre tibétain des morts. Dans un entretien donné à Julien Hairault pour le site Versusmag, il raconte :
"Je me suis aussi beaucoup inspiré d’un Livre des morts Tibétain – celui dont on parle dans le film, que j’ai découvert à l’âge de 18 ans, à une époque où je lisais beaucoup de choses au sujet de la mort et de la réincarnation. Je me suis vraiment énormément renseigné sur ce livre, apprenant au passage qu’il avait aussi beaucoup inspiré Philip K. Dick, et j’ai décidé d’adopter sa structure au moment de la mort d’Oscar. Ce livre parle du voyage de l’esprit qui s’effectue entre la mort et la réincarnation, un voyage censé durer 49 jours. Je n’ai pas été fidèle à 100% au bouquin, mais j’ai quand même tenu à bien mettre en scène ce voyage astral totalement dis-fonctionnel et lumineux, d’où l’importance, surtout dans la scène de fin, de ces jeux de lumière lors des scènes de baise à l’hôtel, où la lumière émane des corps."
Dans le film, Alex à prêté un exemplaire du Bardo Thödol à Oscar pour qu'il le lise. Une scène les montre tous les deux en train de discuter du livre.
Source : wikipedia


Le livre tibétain de la vie et de la mort par Sogyal Rinpoché

Lire le chapitre 18 : le bardo du devenir / le corps mental page 515 en collection j'ai lu


Alexandra David-Néel dans le bouddhisme du Bouddha (page 230)


[...] et la conscience-connaissance, l'ensemble de cette activité, composée de moments séparés, prend le nom d'esprit.

Or, ce qui entre dans l'état intermédiaire (bardo) c'est, d'après les Lamaïstes, une des parties qui formaient l'esprit: la conscience-connaissance contenant en elle, la somme des impressions qui se sont emmagasinées dans le « conscient» et dans le «subconscient» de l'individu pendant sa vie passée.

D'après les Tibétains et certains de leurs voisins de l'Inde et du Népal. la «conscience» de l'homme vulgaire, mort au cours d'un évanouissement, sans se rendre compte de ce qui lui arrivait, se trouve fort désemparée dans sa nouvelle condition. Elle ignore le changement qui s'est opéré dans son état: elle se trouble et s'épouvante tandis qu'elle s'efforce sans y
parvenir, de réoccuper, dans ce monde, la place qui était la sienne du vivant du corps auquel elle était attachée. Dans cet état d'agitation, le pouvoir de se diriger, de résister à la pression du karman qui l'entraîne, lui fait défaut. D'autres vont lui venir en aide.

Déjà, pendant l'agonie, le lama ou le laïque compétent qui assistait le mourant, lui a bien recommandé de laisser échapper sa «conscience» par le sommet de son crâne, car toute autre issue conduit à une mauvaise renaissance. Mais encore, ici, le moribond, dénué d'entraînement spécial, est incapable de s'aider lui même et le rite du «transfert» intervient. En langue tibétaine, ce rite est dénommé phowa (prononcer powa de pho, faire changer de place, transférer). La partie essentielle du phowa consiste dans l'éjaculation sur un ton suraigu, très particulier, de la syllabe hik, suivie de la syllabe phat. Ces deux syllabes sont tenues pour être des mantrams, c'est-à-dire des mots dont les vibrations - si leur son propre a été correctement émis - ont le pouvoir de produire certains effets sur l'esprit et sur la matière.

En principe, le hik, répété plusieurs fois, fait graduellement monter la «conscience» jusqu'au sommet du crâne et le phat l'en fait jaillir. Il arrive que des mystiques tibétains pratiquent ce rite pour eux-mêmes afin de se suicider, comme certains yoguis hindous s'étouffent, volontairement, en pratiquant la rétention du souffle au cours d'une transe. Toutefois, d'après les bonnes gens du Tibet, le rôle du phowa ne se limite pas à l'extraction de la «conscience» hors du corps du mourant, ou du mort en qui elle s'attarde, il transfère, aussi, celle-ci dans un lieu bienheureux, généralement au Paradis occidental de la Grande Béatitude (Noub Déwatchén, en sanscrit: Sukhavati) dont rêvent, aussi, les foules bouddhistes de la Chine et du Japon.

En réalité, l'usage du phowa pour diriger la «conscience» des morts, doit s'inscrire en marge de la science magique du «transfert» ou de la «résurrection». Celle-ci consiste à séparer la partie mentale de la personnalité - la sienne ou celle d'autrui - et à transférer celle-ci, temporairement ou définitivement, dans un corps humain ou animal, soit que ce corps ait été abandonné, au moment de la mort, par l'esprit qui y était uni, soit que le magicien l'en ait délogé de vive force. Dans ce dernier cas, le magicien peut transférer l'esprit sans domicile dans un corps mort depuis peu, s'il s'en trouve à sa portée, ou bien arracher de nouveau un autre esprit de son logis, pour abriter le premier [...]

dimanche 8 mai 2011

Alexandra David-Néel


Craquante non ? J'adore cette photo.


Et la voici vers la fin de sa vie.


Alexandra David-Neel par rikiai

samedi 7 mai 2011

La mort de Bouddha

Très bon livre sur le bouddhisme.


Le Maître est octogénaire. Vigoureux, infatigable, il a poursuivi, jusque-là, ses pérégrinations. C'est au milieu de celles-ci que lui vient le sentiment de sa fin prochaine.
«Écoutez-moi, frères, dit-il à ses disciples. toutes les choses composées doivent se désagréger. Travaillez avec diligence à votre délivrance. Je m'éteindrai sans retour avant peu. D'ici trois mois je serai mort.
«Mes années ont atteint leur terme, ma vie approche de sa fin. Je vous quitte je pars me reposant sur moi seul. Soyez diligents, mes Frères, soyez réfléchis. Soyez fermes dans vos résolutions. Veillez sur votre propre esprit. Celui qui ne se lasse pas mais se tient fermement à cette vérité et à cette voie, traversera l'océan de la vie et mettra un terme à la souffrance(1).»
Cet avertissement donné à ses fidèles compagnons, le Bouddha continue ses voyages et ses prédications.
«Le Bhagavan, après un séjour à Bhoga Gâma, se rendit à Pâva et s'arrêta dans un petit bois de manguiers appartenant à Kunda, artisan en métaux(2).
«Alors Kunda, l'artisan en métaux, ayant appris que le Bhaghavan était arrivé à Pâva et s'était arrêté dans son bois de manguiers, se rendit près de lui, le salua et s'assit, avec respect, d'un côté de lui(3).
«Quand il fut assis, le Bhaghavan l'instruisit, éveilla ses pensées et mit en lui de la joie par ses discours spirituels. Quand Kunda l'eut entendu, il s'adressa au Bhaghavan, disant: "Le Bhaghavan me fera-t-il l'honneur de prendre son repas chez moi avec les Frères ?" - Et le Bhaghavan, par son silence, manifesta son acceptation.
«Alors, Kunda, voyant que le Bhaghavan acceptait son invitation, se leva, s'inclina devant lui et s'en alla.»
Le lendemain, le Bouddha prit son repas chez Kunda et fut, ensuite, atteint d'une violente attaque de dysenterie(4), mais ayant projeté d'aller à Kousinara pour y prêcher, il refusa de s'arrêter et continua son voyage. Cependant, le vieux Maître (il avait quatre-vingt-un ans) avait trop présumé de ses forces. Il fit halte au bord de la route, près d'un bouquet d'arbres formé par trois santals.
«Plie mon manteau, Ananda, dit-il à son cousin, et étends-le sous moi. Je suis las et je veux me reposer.»
Songeant, alors, aux reproches que ses disciples pourraient être tentés de faire à Kunda, au sujet du repas, cause immédiate de ses souffrances et, il le prévoyait, de sa mort, il appela son cousin Manda et lui commanda de veiller à ce que nul ne trouble son dernier hôte à son sujet. Un peu reposé, faisant un dernier effort, le Bouddha poursuivit son chemin et arriva au bord de la rivière Hiranyavati dans un petit bois de salas(5) et, là, la fatigue le reprit.
«Je suis las, Ananda, prépare-moi une couche. Je voudrais m'étendre.»
Il y avait, dans ce lieu, rapportent les histoires du récit canonique, une sorte de table basse ou de large banquette en pierre(5) ombragée par trois santaliers. Ananda y étendit une couverture et le Bouddha se coucha, calme, l'esprit lucide en pleine possession de lui-même.
Siddhârtha Gautama était arrivé à l'ultime étape de sa longue carrière. Son cousin s'informe:
«Maître, comment devons-nous agir envers votre dépouille ?»
Ce souci d'honorer un mort vénéré en lui faisant de dignes funérailles, peut convenir au zèle pieux d'hommes du monde et témoigne, de sentiments louables; mais le véritable philosophe que doit être un disciple du Bouddha, pénétré de sa doctrine, a rejeté avec la sentimentalité vaine l'attachement aux rites qui la manifestent. Il peut regarder un cadavre sans le dissimuler sous des fleurs, et traiter comme amas négligeable de chairs en décomposition la forme qui fut un Maître admiré et aimé.
«Que les Frères ne s'inquiètent point de lui rendre des honneurs. Ananda. Soyez zélés, je vous en supplie. Ananda, à votre propre intérêt. Dévouez-vous à votre propre bien. Il y a des hommes sages parmi les nobles et les Brahmines. des chefs de famille qui croient en moi. Ils s'occuperont de mes funérailles.»
Mais la douleur du disciple est trop profonde. Il se retire à l'écart pour lui donner libre cours:
«Hélas je demeure et le Maitre s'en va, alors que j'aurais encore tant à apprendre de lui»
Le Bouddha, remarquant l'absence de son parent et en comprenant la cause, le fait appeler. Quand il est près de lui, il lui reproche, doucement, le trouble où sa mort le jette.
«Assez. Ananda ! Ne te trouble pas. Ne t'ai-je pas dit souvent qu'il est dans la nature des choses qui nous sont les plus proches et les plus chères que nous devions nous en séparer, les quitter. nous en priver ? - Comment serait-il possible. Ananda, que ce qui est né, amené à l'existence, composé, qui contient, inhérent à soi-même, le principe de sa dissociation, comment serait-il possible qu'une telle chose ne se dissolve pas ? - Cela ne peut pas être.
«Depuis longtemps, Ananda. tu as été très proche de moi par des actes, des paroles, des pensées d'affection, de bienveillance. Tu as fait le bien. Persévère avec vigilance et, bientôt, tu seras délivré des grands maux, la sensualité, la croyance en l'individualité, l'illusion, l'ignorance.»
Puis, il se présenta encore un religieux, appartenant à une autre secte, nommé Soubhada. Il avait entendu parler du Bouddha et ayant appris qu'il s'était arrêté dans le bois de santaliers, il souhaitait le voir pour élucider certains de ses doutes philosophiques. Les disciples voulaient l'éconduire pour épargner à leur Maître a fatigue (l'une conversation, mais celui-ci, les ayant entendus, appela Manda et lui commanda de laisser approcher le religieux.
«Ne renvoyez pas Soubhada. Quoi qu'il veuille me demander. C'est animé d'un désir de s'instruire qu'il veut m'interroger et non pour me causer de l'ennui. Je dois donc répondre à ses questions.»
Écartant, bientôt, les dissertations oiseuses de Soubhada, le Bouddha développe en un discours abrégé de la première prédication la vie de droiture fondement de sa doctrine et, convaincu qu'il a rencontré une vérité supérieure à celle des métaphysiciens, des rhéteurs ou des Brahmines ritualistes, Soubhada le prie de l'admettre parmi ses disciples.
Enfin, le Bouddha, sachant combien est difficile à l'homme la destruction de tout attachement idolâtre, le rejet de toute dévotion sentimentale, connaissant son besoin de Dieux anthropomorphisés ou de Maîtres humains déifiés, son incapacité à vivre seul sa vie spirituelle, s'adresse à Ananda:
«Il se pourrait Ananda que cette pensée naisse en vous: "La parole du Maître n'est plus: nous n'avons plus de Maître." Ce n'est point ainsi qu'il faut penser. La vérité, la doctrine que je vous ai enseignée à tous, voilà votre Maître lorsque j'aurai disparu.»
Une phrase dépourvue d'emphase, rappelant, une fois de plus, cette loi de la perpétuelle transformation des agrégats, qui servit de thème à tant de ses discours, clôt la prédication du Maître. Les Sages n'accordent pas à la mort l'importance que lui prête le vulgaire et il y a longtemps que celui dont la forme visible va disparaître a contemplé, par-delà les bornes de la vie et de la mort, la véritable face de l'existence.
«Écoutez-moi, mes frères, je vous le dis, la dissolution est inhérente à toutes les formations ! Travaillez sans relâche à votre délivrance»
Ce furent ses dernières paroles. Quelques jours après, au soleil levant, les nobles(7) de Kousinara élevaient un bûcher aux portes de la ville et y brêlaient la dépouille du Bouddha avec le cérémonial usité pour les rois.


(1). Mahâ Parinibbâna Sutta, III. 66.
(2). Kunda est généralement considéré comme étant un forgeron, mais cet «artisan en métaux» peut tout aussi bien avoir été un orfèvre ou un chaudronnier. Il n'appartenait probablement pas à l'une des trois classes sociales supérieures de la société hindoue.
(3). C'est-à-dire: pas en face de lui. Il était considéré comme un manque de respect de regarder quelqu'un de face. II fallait se placer de façon à le voir de profil.
(4). La nature du mets qui avait été servi au Bouddha à ce repas et qui, s'il n'avait directement causé sa mort, avait pourtant aggravé le mal qui lui avait fait envisager sa fin prochaine, a donné lieu à de nombreuses discussions. Certains ont cru qu'il s'agissait de sanglier, mais cette opinion n'a pas cours parmi les Indiens familiers avec les mets de leur pays et aussi avec ceux que l'usage permet d'offrir à un yogui. Il ressort de ces discussions que le plat dont le Bouddha mangea consistait en des champignons ou en un autre végétal dont les sangliers sont friands et qui, pour cette raison, était appelé «délices du sanglier». Les textes pâlis l'appellent sukara inaddava.
(5). Le santalier blanc.
(6). Ces banquettes se rencontrent, de distance en distance, sur le bord des routes où le portage se fait à dos d'homme. Les porteurs s'y reposent en se déchargeant de leur fardeau ou en appuyant seulement celui-ci sur la banquette tandis qu'eux-mêmes restent debout, le dos appuyé contre le bord de la banquette, et se soulagent, ainsi, du poids de leur charge.
(7) Par nobles, tout au cours de ces textes, il faut entendre les Kshatriyas, la caste laquelle le Bouddha appartenait.

lundi 2 mai 2011

Attention concentrée et sagesse


Traité Bouddhiste

Un extrait pour illustrer la profondeur de ce texte ancien :
[...] 7. Cause des renaissances.

— Nâgasena, se peut-il qu'un homme mort ne renaisse pas ?

— L'un renaît, l'autre ne renaît pas. Celui qui est affecté de passions renaît ; celui qui en est dépouillé ne renaît pas.

— Et toi, Vénérable, renaîtras-tu ?

— Si je conserve de l'attachement, je renaîtrai ; si j'en suis débarrassé, je ne renaîtrai pas.


8. Moyens de délivrance.

— Est-ce par l'attention concentrée qu'on échappe à la renaissance ?

— Par l'attention concentrée, par la sagesse et par les autres états d'âme salutaires.

— Mais l'attention concentrée n'est-elle pas la même chose que la sagesse ?

— Non, ce sont deux choses différentes : l'attention concentrée se rencontre chez les chèvres, les moutons, les bœufs, les buffles, les chameaux, les ânes, jamais la sagesse.


9. L'attention concentrée et la sagesse.

— Quelle est la caractéristique de l'attention concentrée et celle de la sagesse ?

— L'une se définit par la compréhension, l'autre par l'excision.

— Comment cela ? Donne-moi une comparaison.

— Tu connais les moissonneurs, mahârâja ?

— Je les connais.

— Comment moissonnent-ils l'orge ?

— De la main gauche ils saisissent un faisceau d'orge, de la main droite, armée d'une faucille, ils le coupent.

— De même, mahârâja, l'ascète par l'attention concentrée rassemble son esprit, et par la sagesse tranche les passions. C'est pourquoi l'une est caractérisée par la compréhension, l'autre par l'excision. [...]


J'ai découvert ce traité bouddhiste extrêmement intéressant grâce à cet article non moins intéressant de Catherine Segurane cet article www.agoravox.fr (Le Bouddhisme et l'occident)



Les Questions de Milinda (Milinda-pañha) se présentent comme un dialogue entre le moine bouddhiste Nâgasena et le roi grec de Bactriane Ménandre (en pali, Milinda) qui régna d’environ 155 à 130 av. J.-C.
Les sujets de la discussion abordent les principaux thèmes philosophiques du bouddhisme Theravada (Hînayâna) : l'impermanence, réalité de l'individu, identité de la personne, inexistence de l'âme comme principe substantiel, transmigration, karma, samsâra, nirvâna, ...
Les métaphores figurant dans ce dialogue ont souvent été reprises dans nombre d'ouvrages bouddhiques ou relatifs au bouddhisme.

"Le Milindapañha (pali), les questions de Milinda, est un petit traité du Canon pali qui relate l'entretien entre le roi indo-grec Ménandre Ier (Milinda) et le moine bouddhiste Nagasena. Le Milindapañha a probablement été composé dans les trois premiers siècles de notre ère. Il est parfois intégré au Khuddaka Nikaya.
Source : Wikipedia"

A lire en texte intégral en français : ici (www.lesquestionsdemilinda.org)