mercredi 27 mars 2013

Qui suis-je? - Principe général du dzogchen


Le problème que nous essayons de résoudre dans tout le dharma et en particulier dans le dzogchen est un problème de localisation.

Quelle est la nature du lieu d’être? D’une manière générale, nous avons l’impression que « j’habite ici. Je suis dans mon corps.

Mon corps est ici dans cette pièce. » Et quelle est la situation de ce lieu? De quoi est-il construit?

S’il n’a pas de construction solide, alors les notions de « je » sur lesquelles nous nous reposons et toutes les actions qui viennent de là seront peu fiables.

Il y a de nombreux exercices en lien avec cela, mais la première chose est d’enquêter sur notre nature. Dans le dzogchen, nous sommes toujours en train d’essayer de nous observer.

Maintenant, s’observer soi-même peut paraître facile.

Linguistiquement, cela semble plutôt simple. Comme: « Observe-toi, observe tes pieds. » Et donc si nous voulons observer nos pieds, ce n’est pas difficile. Nous baissons le regard et les voici. Mais si vous voulez vous observer vous-mêmes, vous devez tout d’abord vous trouver afin d’observer. Ainsi, pour nous trouver nous devons chercher, et si nous nous mettons à chercher, que cherchons-nous?

Si nous admettons que nous n’avons jamais vu notre propre visage, alors ce que nous cherchons est simplement une construction de représentations, et nous pouvons donc nous retrouver en train de courir après nos suppositions, puis de les réaliser. Nous avons l’habitude d’observer les choses. Et si nous nous observons nous-mêmes de la manière dont nous observons les choses, il ne fait aucun doute que nous nous présenterons à nous-mêmes comme une chose, parce que c’est ce que nous faisons depuis le commencement même du samsâra. C’est cela, le samsâra.

Ainsi, ce que nous devons vraiment faire, c’est développer une nouvelle forme d’observation de soi, une forme qui ressemble plus au fait de frayer avec nous-mêmes. Soyez simplement là tandis que vous vous « moi-ifiez », en observant ce processus de « moi-ification ». Parce que si ce n’est pas vous qui vous «moi-ifiez », qui donc le fait? Dans le dzogchen, on appelle cela « rester avec celui qui fait ce qui se passe- quoi que ce soit ».

Si des pensées surviennent, restez avec celui qui pense les pensées qui surviennent. Si des émotions surviennent, restez avec celui qui éprouve les émotions. Si aucune pensée et aucune émotion n’émerge, restez avec celui qui est complètement engourdi et stupide. Parce que celui qui accomplit cette activité existe quelque part. Où existe-t-il? En observant attentivement, vous parviendrez à voir le « je » venir à l’existence. Mais si vous n’observez pas attentivement, ce point de manifestation de celui qui fait se présentera toujours comme s’il était le site éternel du « je » : « Je suis moi ! » Et ma saisie de ce « je » ferme la porte de la libération.

Le problème essentiel est que, depuis le début, l’esprit est ouvert, très détendu, non-né, incréé, et que cependant l’expérience de l’esprit est : « Je suis moi. Je ne suis pas vous. Laissez-moi tranquille. Donnez-moi ce que je veux! » Depuis le tout début, nous ne savons pas qui nous sommes. Le fait de penser « je suis moi » signifie que je n’ai pas réalisé qui je suis. Le «moi » est le point objectivé, raffiné, du « je », qui apparaît comme le curseur sur un écran d’ordinateur, la petite flèche, la pensée qui vous montre où vous êtes et, comme ce petit point sur l’ordinateur, il n’est pas quelque part, il n’a pas d’existence réelle. Il est sur l’écran. L’écran n’est pas quelque part. Il est semblable à du cristal liquide, une matrice de points qui révèle le royaume illusoire du cyberespace.

Ou dans un exemple traditionnel : si vous regardez le ciel et que vous voyez un oiseau qui vole, vous voyez la pointe du bec de l’oiseau. Mais où est cette pointe? L’oiseau se déplace dans le ciel. Il n’y laisse pas de trace, et vous ne pouvez saisir le point où il se trouve, parce qu’il se déplace toujours. Ce que nous appelons : « Oh, il y a un oiseau qui vole dans le ciel ! » est unmouvement. Nous construisons la notion d’oiseau. Ce que nous observons est unmouvement.

De la même façon, la nature de l’esprit est d’être très créative.

Pensées, émotions, sensations surgissent continuellement et nous leur attribuons des positions et des lieux, nous les juxtaposons les unes sur les autres, et par cela nous créons l’illusion de la séparation soi-autre. Bien que nous puissions dire, de manière générale, que le samsâra a débuté il y a très longtemps, si vous voulez vraiment voir le point d’émergence du samsâra, regardez dans votre propre esprit !

Et le point où le samsâra émerge est le point où personne n’est conscient de celui qui fait, pense, ressent, éprouve. Qui fait cela? Je pourrais dire: « Qui parlemaintenant? Je parle! Et c’est très simple. C’est moi ! » Je sais que je parle parce que j’aime parler. J’ai donc assez parlé pour connaître le son de ma voix lorsqu’elle sort et qu’elle entre ici dans mon oreille.

Mais il serait beaucoupmieux pourmoi de ne pas savoir qui je suis ! Parce qu’en sachant qui je suis, je deviens très paresseux et je présume que qui je pense être est qui je suis. Et ainsi, j’arrête d’observer. Et de cette façon, je passe ma vie à être un ami du samsâra.

Alors, qui fait cela? Personne ne peut me le dire, parce que faire cela est une expérience, ce n’est pas une entité. S’il ne s’agissait que de découvrir le coupable, on pourraitmener une enquête.Mais avec ce genre d’investigation, le coupable n’existe pas. On a donc besoin d’un autre type d’investigation, qui ne ressemble pas à une enquête policière. C’est une investigation amicale! Parce que si vous pouvez vous lier d’amitié avec vous-mêmes, vous embrasser et vous faire des chatouilles, vous pouvez commencer à vous détendre.

Et si vous savez très bien le faire, vous pouvez « faire l’amour » avec vous-mêmes et vous vous dissolvez complètement, et vous ne vous causez plus aucun problème. C’est le principe général du dzogchen, et ce plaisir, cette détente, ce lâcher prise, cette aise, cette confiance, cette spontanéité, ces qualités délicieuses sont la voie.

mardi 26 mars 2013

Sermon du Bouddha (Le feu)


L'incendie (ADITTAPARIYAYA-SUTTA)




Verset 21.1
Une fois, le Bienheureux séjournait à Gayasisa, près de Gaya, avec un groupe de mille disciples.


Verset 21.2
Le Bienheureux s'adressa alors à ces disciples et dit: Tout est en flammes, ô moines. Et quel est ce tout en flammes? L'oeil est en flammes. Les formes matérielles sont en flammes. La conscience visuelle est en flammes. Le contact de l'oeil avec les formes matérielles est en flammes. La sensation qui naît du contact avec les formes matérielles, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.3

Par quel feu, ô moines, cela est-il enflammé? Je dis que cela est enflammé par le feu du désir, par le feu de la haine, par le feu de l'illusion; cela est enflammé par la naissance, par la vieillesse, par la maladie, par la mort, par les peines, par les plaintes, par la douleur, par le chagrin, par le désespoir.


Verset 21.4

L'oreille est en flammes, ô moines. Les sons que l'oreille perçoit sont en flammes. La conscience auditive est en flammes. Le contact avec ce que l'oreille perçoit est en flammes. La sensation qui naît du contact avec ce que l'oreille perçoit, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.5
Par quel feu cela est-il enflammé? Je dis que cela est enflammé par le feu du désir, par le feu de la haine, par le feu de l'illusion; cela est enflammé par la naissance, par la vieillesse, par la maladie, par la mort, par les peines, par les plaintes, par la douleur, par le chagrin, par le désespoir.


Verset 21.6
Le nez est en flammes, ô moines. Les odeurs sont en flammes. La conscience olfactive est en flammes. Le contact du nez avec les odeurs est en flammes. La sensation qui naît du contact avec ce que le nez perçoit, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.7
Par quel feu cela est-il enflammé ? Je dis que cela est enflammé par le feu du désir, par le feu de la haine, par le feu de l'illusion; cela est enflammé par la naissance, par la vieillesse, par la maladie, par la mort, par les peines, par les plaintes, par la douleur, par le chagrin, par le désespoir.


Verset 21.8
La langue est en flammes, ô moines. Les saveurs sont en flammes. La conscience gustative est en flammes. Le contact de la langue avec les saveurs est en flammes. La sensation qui naît du contact avec ce que la langue perçoit, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.9
Par quel feu cela est-il enflammé ? Je dis que cela est enflammé par le feu du désir, par le feu de la haine, par le feu de l'illusion; cela est enflammé par la naissance, par la vieillesse, par la maladie, par la mort, par les peines, par les plaintes, par la douleur, par le chagrin, par le désespoir.


Verset 21.10
Le corps est en flammes, ô moines. Les choses tangibles sont en flammes. La conscience tactile est en flammes. Le contact du corps avec les choses tangibles est en flammes. La sensation qui naît du contact avec ce que le corps perçoit, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.11
Par quel feu cela est-il enflammé? Je dis que cela est enflammé par le feu du désir, par le feu de la haine, par le feu de l'illusion; cela est enflammé par la naissance, par la vieillesse, par la maladie, par la mort, par les peines, par les plaintes, par la douleur, par le chagrin, par le désespoir.


Verset 21.12
La pensée est en flammes, ô moines. Les objets mentaux sont en flammes. La conscience mentale est en flammes. Le contact de la pensée avec les objets mentaux est en flammes. La sensation naît du contact avec ce que la pensée perçoit, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.13
Par quel feu cela est-il enflammé? Je dis que cela est enflammé par le feu du désir, par le feu de la haine, par le feu de l'illusion; cela est enflammé par la naissance, par la vieillesse, par la maladie, par la mort, par les peines, par les plaintes, par la douleur, par le chagrin, par le désespoir.


Verset 21.14
Considérant les choses de cette façon, ô moines, le disciple intelligent est dégoûté de l'oeil, il est dégoûté des formes matérielles, il est dégoûté de la conscience visuelle, il est dégoûté du contact de l'oeil avec les formes matérielles, il est dégoûté de la sensation qui naît du contact avec les formes matérielles, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.15
Même démonstration en ce qui concerne l'oreille, les sons, la conscience auditive, le contact et la sensation; le nez, les odeurs, la conscience olfactive, le contact et la sensation; la langue, les saveurs, la conscience gustative, le contact et la sensation; le corps, les choses tangibles, la conscience tactile, le contact et la sensation. Puis le sermon continue:


Verset 21.16
Considérant les choses de cette façon, ô moines, le disciple intelligent est dégoûté de la pensée, il est dégoûté des objets mentaux, il est dégoûté de la conscience mentale, il est dégoûté du contact de la pensée avec les objets mentaux, il est dégoûté de la sensation qui naît du contact avec les objets mentaux, que ce soit plaisir, que ce soit douleur, que ce ne soit ni douleur ni plaisir, cette sensation aussi est en flammes.


Verset 21.17
Lorsque le disciple intelligent en est dégoûté, il est sans désir. Lorsqu'il est sans désir, il est libéré du désir. Quand il est libéré, vient la connaissance: "Voici la libération" et il sait: "Toute naissance nouvelle est anéantie, la Conduite pure est vécue, ce qui doit être achevé est achevé, plus rien ne demeure à accomplir."


Verset 21.18
Ainsi parla le Bienheureux. Les moines, heureux, se réjouirent des paroles du Bienheureux. Pendant le déroulement de ce sermon, la pensée de ces mille disciples fut libérée complètement des souillures.

Vie après la mort


Paranormal [ La vie après la mort ] par LPDE