vendredi 11 mai 2012

Épître apocryphe de Jacques


A la fin du texte est écrit ceci :

Quand il eut dit ces choses, il s’en alla. Quant à nous, nous nous sommes mis à genoux. Moi et Pierre, nous rendîmes grâces et nous élevâmes notre cœur vers les cieux.

Nous entendîmes de nos oreilles et nous vîmes de nos yeux le bruit de la guerre et une sonnerie de trompette et un grand tumulte. Et quand nous sommes passés au-delà de ce lieu-là, nous avons élevé notre intellect davantage encore, et nous avons vu de nos yeux, et nous avons entendu de nos oreilles, des hymnes et des louanges angéliques, et une allégresse d’anges, et des Grandeurs célestes chantaient des hymnes et, nous aussi, nous exultions.

Après cela, nous avons voulu élever encore notre esprit jusqu’à proximité de la Grandeur. Et lorsque nous sommes montés, il ne nous a pas été permis de rien voir ni entendre.

Il est bien mystérieux celui ci que je ne connaissais pas. Et Jésus devait vraiment être dur à comprendre. C'est flagrant dans tous les textes. Dans celui ci c'est même Pierre qui lui fait la remarque et qui se fait engueuler parce qu'il comprend jamais rien :-). De + on ne sait jamais si Jésus est encore vivant ou une "apparition" dans celui ci comme dans d'autres. C'est vraiement très étrange...

Le texte en PDF : Ici ou ici

Decriptif par une maison d'édition :
L'Épître apocryphe de Jacques est un des trois textes du codex I de Nag Hammadi qui sont présentés sans titre (les deux autres sont l'Évangile de vérité et le Traité tripartite). Dans un cas comme celui-là, où le véritable titre ne nous est pas parvenu, le titre «moderne» doit être choisi pour refléter les propriétés du texte. Ce texte se présente comme une lettre envoyée par un disciple appelé Jacques, probablement Jacques le juste, le frère du Seigneur, à un destinataire dont le nom est perdu. Cette lettre est un enseignement secret que Jésus aurait transmis à Jacques et à Pierre. La révélation contenue dans cet écrit communique la façon de parvenir au salut et d'accéder au Royaume des cieux.

L'Épître apocryphe de Jacques est le second écrit du codex I. Il est précédé de la Prière de l'Apôtre Paul et suivi de l'Évangile de vérité, du Traité sur la résurrection et du Traité tripartite. Il présente des lacunes, particulièrement en début de page. C'est notamment le cas des huit premières pages et des pages onze à seize. L'écrit est rédigé en subakhmîmique, un dialecte copte. Selon D. Rouleau, la traduction du grec en copte a pu être réalisée au début du IVe siècle, mais l'original aurait été rédigé en grec et aurait été écrit à Alexandrie, ou du moins, pourrait y avoir circulé.

Le texte débute sous la forme d'une lettre envoyée par Jacques à un destinataire dont le nom est disparu dans une lacune. Cette lettre aurait d'abord été écrite en hébreu (1,15-16). Le destinataire est prié par l'auteur de la lettre de garder le secret sur l'enseignement qu'elle contient (1,20-25). À partir de la page 2, commence le dialogue de révélation qui occupe le reste de l'épître. Les douze disciples se rassemblent après la crucifixion de Jésus, échangent et écrivent tout ce qu'ils se rappellent de ses enseignements. Le texte affirme que Jésus leur a enseigné pendant 550 jours puis, à la fin de cette période, il a appelé Jacques et Pierre pour leur livrer un enseignement secret. Jésus les encourage alors à être «emplis de l'Esprit» et insiste sur la nécessité de la souffrance (4,19) par laquelle on peut gagner l'amour du Père et être semblable au fils de l'Esprit (6,19-20). En réponse à Jacques, Jésus déclare que le temps des prophéties est terminé et que l'on doit posséder la connaissance pour trouver le Royaume des cieux (6,29-30; 8,23-27). Le thème de l'indépendance est également important dans cette révélation, car les disciples ne doivent pas simplement se reposer sur le Christ mais doivent eux-mêmes prendre l'initiative. Le Seigneur les invite à parler au lieu de se taire et à rester éveillés au lieu de dormir (9,18-10,6). Tout au long de la révélation, le Christ s'exprime en paraboles, utilisant des images courantes dans ce type de discours, dans certains évangiles canoniques et dans l'Évangile de Thomas. Le Christ termine son discours sur trois images très fortes. Pour lui, le Royaume des cieux est semblable à un épi de blé à partir duquel tout un champ de blé peut être produit, mais on doit faire attention à ce que ce champ ne devienne pas un désert (13,17-23). Pierre se plaint alors de l'ambiguïté des enseignements de Jésus, mais celui-ci le réprouve fortement (13,27-36). L'indépendance du vrai croyant est à nouveau mise de l'avant quand Jésus affirme que même le Père ne pourrait bannir du Royaume quelqu'un qui a reçu la Vie et la Foi (14,15-19). Après ces paroles, Jésus se retire (15,6). Jacques et Pierre rendent grâce (15,6-13). Leurs intellects continuent leur ascension et ils perçoivent des louanges angéliques (15,19), mais cette ascension est interrompue par l'arrivée des autres disciples (14,23-34). À la fin du texte, Jacques exprime l'espoir que ceux qu'il illuminera deviennent à leur tour aussi grands que lui (16,8-19).

Comme nous l'avons vu, l'Épître apocryphe de Jacques est une lettre qui rapporte une révélation, elle-même présentée sous la forme d'un dialogue. Dans son introduction et son commentaire, D. Rouleau analyse la structure de cette lettre, discute ses plus importants thèmes, envisage quand, pourquoi, et pour qui elle a été écrite, et met en lumière sa relation avec d'autres textes. Il ne remet pas en question l'unité de l'écrit, dont il propose un plan très complexe. Il n'y aperçoit rien du caractère valentinien qu'un grand nombre de chercheurs ont voulu y relever, sans qu'il lui dénie pour autant toute parenté avec le gnosticisme. Il met également en évidence l'opposition des rôles dévolus à Jacques et à Pierre; le premier répond à la communauté des vrais disciples, tandis que le second représente l'incompréhension de la Grande Église, rejetée par l'auteur, qui polémique cependant contre elle sans animosité. D. Rouleau voit dans cette polémique une opposition aux structures hiérarchiques et aux mécanismes institutionnels de médiation du salut. Il apparaît bien ici que l'Épître apocryphe de Jacques est avant tout polémique, comme plusieurs des textes de Nag Hammadi, et que c'est en fonction de sa visée polémique qu'elle doit être lue et comprise.

Source : http://www.pulaval.com