dimanche 12 février 2012

...au rôle du bouffon



" La vie de chacun de nous, à l'embrasser dans son ensemble d'un coup d'œil, à n'en considérer que les traits marquants, est une véritable tragédie ; mais quand il faut, pas à pas, l'épuiser en détail, elle prend la tournure d'une comédie.

Chaque jour apporte son travail, son souci ; chaque instant, sa duperie nouvelle ; chaque semaine, son désir, sa crainte ; chaque heure, ses désappointements, car le hasard est là, toujours aux aguets pour faire quelque malice ; pures scènes comiques que tout cela.

Mais les souhaits jamais exaucés, la peine toujours dépensée en vain, les espérances brisées par un destin impitoyable, les mécomptes cruels qui composent la vie entière, la souffrance qui va grandissant, et, à l'extrémité du tout, la mort, en voilà assez pour faire une tragédie.

On dirait que la fatalité veut, dans notre existence, compléter la torture par la dérision ; elle y met toutes les douleurs de la tragédie ; mais, pour ne pas nous laisser au moins la dignité du personnage tragique, elle nous réduit, dans les détails de la vie, au rôle du bouffon. "


Comme le dit Onfray dans ses cours il ne faut pas réduire ce philosophe à son pessimisme. Ne sourtout pas sombrer dans ce piège trop facile et se priver de l'ensemble de sa pensée. Reste que je me régale de ce genre de déclaration. Ca fait du bien. Bien + de joie que ces discours optimistes qu'on lit partout. Moi ça me rend joyeux.

Site consacré à Schopenhauer : http://christophe.faveaux.free.fr/